Je n’ai pas de choix et je me réfugie auprès de Cheikh Hamidou Kane qui a écrit fort justement : »il n’y pas de tête lucide entre deux termes d’un choix «
Pour des raisons indépendantes de ma volonté, je vais rater la célébration du cinquantième anniversaire de l’ISRA. Emporté par ma passion et par mon amour pour cet institut, je surprends ma plume insister pour que j’en fasse bon usage, sans report d’échéance. Je n’ai pas de choix et je me réfugie auprès de Cheikh Hamidou Kane qui a écrit fort justement : »il n’y pas de tête lucide entre deux termes d’un choix «
Oui, l’émotion est forte mais finalement domptée !
C’est le 4 Novembre 1974 que l’acte de naissance de l’ISRA a été signé, gratifiant, ainsi, notre pays d’une recherche agricole finalisée couvrant, dans un même cadre institutionnel, les productions agricoles, halieutiques, animales et forestières. En clair, un prolégomène venait d’être considéré, pour des analyses globalisantes du secteur agricole sénégalais.
A mon sens, c’est une des plus belles décisions politiques prises depuis notre accession à la souveraineté internationale. Il faut, par conséquent, en remercier le bâtisseur feu Djibril Sène accompagné, dans la mise en œuvre, de très valeureux chercheurs comme Pape Ibrahima Thiongane ,signataire de ma décision de recrutement ,en sa qualité de DG, Gora Bèye, feu Mahawa Mbodj, feu Sitapha Diatta, feu Kader Diallo, feu Seydil Moctar Touré, feu Faustin Sagna, Moctar Touré, Habib Ly, Moussa Fall, feu Mbaye Ndoye, feu Ndiaga Mbaye, feu Jacques Faye, feu Mamadou Sonko, Aboubacry Sarr, François Faye, feu El hadj Guèye, feu Madické Niang, feu Ablaye Niasse, Bara Diop,feu Talla Diaw, feu Pape Assane Camara etc. Je suis certainement incomplet !
Mon barycentre est trouvé, c’est Abraham Lincoln, à travers sa formule : » l’agriculture est le fondement de la société, la racine de l’économie, l’espoir de l’avenir ». A l’évidence, cette formule va être plus succulente en y remplaçant « agriculture » par « secteur agricole » .
Au demeurant, un outil stratégique majeur, dont la mission originelle est de générer des résultats utiles et utilisables, est nécessairement une force motrice, aimant d’un progrès constamment consolidé et élargi. Car progresser, c’est faire les choses autrement et mieux avec comme adjuvant la science, la technologie et l’innovation.
Je pourrais traduire la formule révisée de Abraham Lincoln par une simple évidence : sans développement rural, point de développement économique et social, et sans recherche agricole performante, point de développement rural. Alors, la transitivité mathématique est vite établie : la recherche agricole est au cœur du développement économique et social.
De mon belvédère, avec mes lunettes d’observation et mon recul, j’observe l’ISRA et constate sa singularité.
L’ISRA est un monde de rêves, d’extases, de cauchemars, de doutes durables et continus et de certitudes dynamiques. En effet, nous devons y transformer des connaissances pré-réfléchies en connaissances rationnelles par un mixage de méthodes empiro-inductives et de méthodes hypothético -déductives, en référence à Nietzsche et à Leonardo da Vinci. Le premier recommandant la négation de toute évidence et le second « de penser beaucoup pour ne pas se tromper souvent ». Alors dans ce monde, la rage de connaître et de transmettre s’invite au quotidien et l’excellence plurielle s’impose comme seul baromètre d’appréciation. Il ne saurait en être autrement, pour deux raisons essentielles :
La première raison: l’Isra est composé d’architectes du passé et du présent et d’architectes du futur, déjà interpellés par des clameurs aux urgences multiformes.
La deuxième raison: l’isra est la force centripète pour l’épanouissement total du secteur agricole, son métabolisme de base et sa boussole non pipée. C’est l’inoxydable charme et la lourde responsabilité de cet institut !
Des souvenirs, il y’en a une infinité, je vais retenir, pour ma part, le projet de fermeture de cette institution parle Président Abdoulaye Wade. Mal informé par des personnes qui aiment mal leur pays, le Président de la République avait envisagé de mettre fin à la mission de l’ISRA.
Directeur Général, j’avais convoqué les responsables administratifs et scientifiques pour l’organisation d’une semaine de portes ouvertes en vue de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale.
Finalement, le Président Wade était venu nous visiter, le dernier jour, et avait écrit, après sa visite, sur le livre d’or ce qui suit : » J’ai été particulièrement impressionné par les réalisations de l’ISRA que je viens de découvrir et, aussi, par les perspectives qu’il s’est tracées.
Je suis convaincu que l’ISRA saura être l’instrument de l’ambitieuse politique agricole que j’ai assignée à notre pays.
Toutes mes félicitations au Directeur Général et aux chercheurs », signé Président Abdoulaye Wade.
Par cette visite, le Président Wade confirme qu’il est un intellectuel qui ne demande qu’à être convaincu pour revisiter sa position. Ce jour nous a marqués à jamais !
Une chose à retenir : la capitulation n’est jamais dans l ‘ADN d’un agent de l ‘ISRA.
Un autre souvenir : Directeur scientifique travaillant sous la supervision lumineuse du Dr. Habib ly, un chercheur phytopharmacien émérite, nous avons eu à passer la nuit au bureau pour que l’ISRA respecte ses engagements de remise d’un rapport pour un conseil interministériel. Le Premier Ministre feu Habib Thiam n’avait pas manqué, d’entrée de jeu, de féliciter le Ministre d’Etat Robert Sagna, lors de ce conseil, pour la qualité de la note introductive préparée par l’ISRA en si peu de temps.
Je pouvais aussi rappeler la très forte résilience de l’ISRA face aux velléités remettant en cause son intégrité en vue d’une dislocation injustifiée.
A l’évidence, cinquante ans d’existence et de contribution positive ne doivent pas éluder une nécessaire réflexion sur l’adaptation de cet outil aux turbulences de l’environnement national et international. En d’autres termes, c’est un beau prétexte pour s’en féliciter tout en s’interrogeant sur la solidité du cahier de charges de cet institut. Cela signifie : se réinventer en vue d’augmenter sa valeur marchande scientifique et son utilité sociétale. Dans cet exercice difficile, il convient de convier tous les acteurs publics et privés avec, comme point de ralliement, la transformation de nos systèmes alimentaires. Il s’agit d’une nécessité et d’une urgence dans la construction d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle adossée à une politique de souveraineté alimentaire.
Cet événement majeur doit, aussi, offrir une occasion unique pour donner le nom du siège de l’ISRA à son bâtisseur feu Djibril Sène, premier chercheur sénégalais au CNRA de Bambey, un généticien remarquable et remarqué, ici et ailleurs, un homme si inspirant pour ses successeurs, une personne de conviction, un homme qui avait le cœur sur la main et qui parlait toujours la main sur le cœur, une personne d’une piété rare, un scientifique d’élite au sens propre et figuré.
En un mot, comme en mille, retenons et magnifions la longue et fertile carrière de ce chercheur d’exception sur le podium de l’excellence scientifique à l’échelle de l’humanité, en tout temps et en tout lieu.
Paix pour le repos de l’âme de cet immortel dont la seule évocation du nom suffit pour nous faire frémir d’émotion, par devoir de reconnaissance infinie.
Misons davantage sur une solidarité sans limites pour aller de l’avant car « la recherche est un sport collectif », pour paraphraser la Prof. Catherine Brechignac de l’Académie des Sciences de France. En abrégé, le philosophe Pascal aurait avancé que » le Moi est haïssable «
L’avenir frappe déjà à notre porte !
Nos félicitations, nos encouragements et nos ferventes prières à l’ISRA.
J’aime l’ISRA, il m’a donné plus que mes rêves les plus fous !
C’est l’heure de ma sieste de jeune retraité, je m’efface !
Alhamdoulilah !!!
Que Dieu bénisse l’ISRA
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